Le sentier de douane.

Isis marchait sur le chemin de douanier qui longeait la côte de l'île sur toute sa périphérie.
Il était utilisés par les autorités afin de surveiller les arrivées marines des contrebandiers et des pirates. Sur toute sa longueur, de petites guérites le parsemaient. Elles servaient à abriter les hommes en faction lors des temps comme celui sous lequel la jeune fille se baladait à présent mais elle se gardait bien de les éviter.
C'était un temps de tempête, un temps comme ceux qu'elle affectionnait particulièrement, un temps où la mer prouvait chaque fois sa grandeur devant la prétention des hommes qui se disaient la dominer.
Isis regardait la mer. En bas de la falaise sur laquelle elle se tenait les vagues s'écrasaient en déversant leur écume, comme saupoudrant la pierre d'un sucre glace meurtrier.
Le vent faisait voler ses cheveux dans tous les sens et ses vêtements, mouillés par la pluie battante, claquaient allègrement sur sa peau tannée par le soleil. Mais elle souriait.
Son regard était fixé sur l'horizon qui avait pris les teintes de son oeil outremer, des teintes menaçantes, noires, bleu et violettes celles d'une mer d'orage. Un éclair zébra le ciel et elle rit comme pour l'accompagner avant de continuer sa route allègrement, sautillant dans ces chemins escarpés rendus boueux par la pluie.

Elle était folle. C'était du moins ce que disaient ses compagnons d'infortune de "sauterelle" lorsqu'ils la voyait, le visage souriant, sortir par ce temps où même les chiens avaient le droit de rentrer dans la maison de leur maître.
Mais elle elle savait. Elle savait que la tempête était propice aux naufrages des inconscients ou des marchants qui n'avaient d'autres choix que de rentrer au port dans ces conditions et ça arrivait souvent vers les rivages de ce côté de l'île ou de nombreux récifs n'attendaient qu'une proie de passage comme des plantes carnivores affamées.
Elle n'aurait raté ça pour rien au monde car c'était en ces occasion que la mer faisait cadeau de ses victuailles aux pauvres diables qui n'avait de choix que d'écumer les plages afin d'y trouver des trésors.
Et elle comptait bien arriver la première!

°Qu'importe, ce sont juste des couards c'est tout!! Moi je suis pas une lopette et c'est pas d'être un peu mouillée qui va me faire peur... ! Tant pis pour leur face de rat si je trouve quelque chose d'intéressant!°

Elle continuait d'avancer à vive allure, sautillant en chantonnant un air bien connu que le vent emportait à peine sortit de ses lèvres.

"Il y a les morts il y a les vivants,
On ne peut fuir le temps.
Grâce au clé de la cage
Il faut payer le diable
Et piller le levant.
Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères
Du funèbre océan.
Mais nous ne sommes et soyons forts,
Et rentrons au port.

Yo ho quand sonne l'heure
Hissons nos couleurs.
Hissez ho, l'âme des pirates
Jamais ne mourra."

En temps normal elle aurait seulement chanté dans sa tête, il n'était pas bon de connaître cette chanson aux abords de Port Royal mais là elle ne craignait pas grand chose et cette mélodie avait quelque chose d'envoûtant qui l'avait toujours attiré.
Elle continuait sa descente vers une grande crique sur laquelle elle était sûre de récupérer quelque chose en cas de naufrage mais tout d'un coup elle freina subitement et alors que ses pieds dérapaient sur la boue elle fit des moulinets stupides avec les bras en se cambrant pour reprendre son équilibre. Juste à côté, trente mètre plus bas, c'était l'impact...
Elle parvint cependant à stopper et à se stabiliser sur ses pieds nus et elle soupira de soulagement, portant une main à son coeur qui s'était emballé.
Elle regarda par terre et se baissa, posant ses mains sur ses genoux.

Bein alors toi ? Qu'est-ce que tu fous là ?? C'est pas un temps à sortir une plume dehors !! T'es con ou quoi ?

En effet, sur le chemin, une corneille était allongée. De l'eau ruisselait autour d'elle et bon nombre de ses plumes avaient été retournées par le vent. Elle bougeait pour tenter de s'extirper de ce bourbier en poussant des croassements désagréables mais une fois que les plumes d'un oiseau sont imbibé d'eau il devient plus que difficile pour lui de s'en sortir. Surtout lorsque le temps ne semble pas se décider à se calmer avant quelques temps.
Elle se baissa et prit l'oiseau dans ses main. Il se débattit mais elle remit ses plumes dans le bon sens.

Bouge pas bougre d'idiot sinon je te balance par dessus bord pour abréger tes souffrances !

L'oiseau sembla comprendre soit ses paroles, soit le fait qu'elle lui venait en aide ou alors il n'avait tout simplement plus beaucoup de force, toujours est-il qu'il cessa de se tortiller.
Isis détacha le foulard rayé qui retenait ses cheveux ce qui eut pour but de les livrer entièrement aux assauts du vent et enroula l'animal à l'intérieur pour le protéger de la pluie et le sécher un peu et continua à descendre la falaise par le sentier accidenté.
Arrivée sur la plage elle se mit à l'abri d'une formation rocheuse et s'assit, les jambes croisées, avant d'ouvrir le petit bout de tissus. La corneille la regarda de son oeil noir mais ne broncha pas. Elle essuya ses plumes et la garda contre elle pour la réchauffer et regarda le tissus trempé avec une grimace.

Arggg tu me l'as tout salopé ! Bien ma veine de tomber sur un piaf stupide ! Je te préviens saleté de piaf que si jamais je reviens bredouille ce soir je te passe au cour-bouillon! Tu dois pas être dégeux en ragoût ?!

Dit-elle avec un regard un peu mauvais. Mais elle considéra l'oiseau et releva un sourcil en souriant presque malgré elle.

Ouai... enfin, y'aura rien à bouffer sur ta pauvre carcasse!

Elle soupira et regarda de nouveau vers l'horizon. Un éclair le déchira de nouveau et elle crut déceler le mat d'un bateau tanguant dans la grande houle mais ne pouvait en être sur, la visibilité n'était pas très bonne.
Elle recommença à chantonner, balançant sa jambe en rythme. Elle n'avait plus qu'à attendre.

Le roi et ses pairs
Ont enfermé la reine,
A bord d'un bateau de plomb.
Nous naviguons, et par ses pouvoirs
Moi et mes frères vogueront.

Yo ho sur l'heure
Hissons nos couleurs.
Hissez ho, l'âme des pirates
Jamais ne mourra.
Yo ho quand sonne l'heure
Hissons nos couleurs.
Hissez ho, l'âme des pirates
Jamais ne mourra.

De retour à Port Royal depuis peu, Anna avait décidé d’aller faire un tour. Or, au moment où elle mettait les pieds dehors dans l’espoir de faire une bonne promenade, elle avait eu la mauvaise surprise de voir qu’il pleuvait à torrent, que le ciel grondait, bref, qu’il y avait un orage.
Et pas des moindres.
Sauf que ce genre d’intempéries n’atteignait pas réellement Anna, qui ne faisait que ce qu’elle voulait. Et là, maintenant, tout de suite, elle avait décidé d’aller se promener, et ce n’était pas cette pluie battante qui allait lui faire changer d’avis, loin de là ! Cependant, elle préféra jouer la carte de la prudence, et, au lieu de sortir seulement vêtue de la fine robe blanche qu’elle portait maintenant, elle opta pour une lourde veste de cuir tanné, ses hautes bottes noires qui montaient plus haut que le genoux, ainsi que son habituel tricorne vissé sur la tête pour se protéger de la pluie. Elle sortit donc de sa cabine privée, et, en descendant sur la terre ferme, hurla à ses matelots :

- Quartier libre pendant deux heures !

A en juger les cris de joies qui s’élevaient du pont du navire, les hommes étaient ravis de cette nouvelle. Le sourire aux lèvres, Anna se dirigea donc vers la côte qui partait du port et continuait un bon moment. Elle regarda les falaises où s’écrasaient les vagues, la mer déchaînée, le ciel noir de tempête zébré d’éclairs, et son sourire s’agrandit. Elle était heureuse, comme une petite fille qui retrouvait son jouet préféré. Elle aimait la mer, plus que tout au monde. C’est elle qui la maintenait en vie, qui la gardait en bonne santé. Elle savait depuis toujours que tout son être était lié à la mer, comme si elle ne pouvait s’en détacher vraiment.

Elle descendit légèrement de la falaise, de manière à se trouver plus bas, plus proche de l’océan. La jeune capitaine ferma les yeux, et se plaqua contre le bord pour ne pas tomber. Elle inspira un grand coup, et une belle goulée d’air emplie ses poumons. Un air pur, frais et marin comme elle l’aimait. Réouvrant les yeux, elle regarda en bas : c’était toujours le même spectacle, les vagues venant se briser contre la paroi de pierre polie par le temps. Un chute serait assurément mortelle, et Anna n’avait pas l’intention de mourir
Pas du tout !
Elle remonta donc sur le chemin, escalada plutôt et se remit sur pieds, continuant son chemin. Elle descendit presque en courant vers le sable de la plage, une chanson s’échappant malgré elle de ses lèvres. Et en plus, elle chantait juste, avec un voix claire et chaude:

Cause' everybody wants to hide their secrets away
Nobody wants to stand up to the pain
But I will stand up to the pain
Wake up and fight again
If you could dance with me through this rain
And we will fight, we’ll fight again, fight again

Une fois en bas, elle s’immobilisa, comme toujours lorsque la mer était en face d’elle. Une brusque rafale lui envoya sa chevelure blonde devant les yeux, et son tricorne s’envola vers la mer. Avec un juron bien masculin et qu’il serait indécent de retranscrire ici, elle bondit en avant, et conclut par un cri perçant :

- Nooooon !

Elle se mit à courir à toute vitesse derrière son chapeau, les bras tendus vers l’avant dans l’espoir de rattraper son pied. Les cheveux flottants derrière elle, sa veste trempée l’alourdissant énormément, Anna courait tout de même à une vitesse honorable, décidée de rattraper son chapeau. Elle se rapprochait ainsi de la mer rapidement, et commençait à penser sérieusement qu’elle allait devoir acheter un autre chapeau pour remplacer celui-ci. Elle le vit alors se poser dans la mer déchaînée, et rester sur place, étrangement. Anna soupira, puis ôta sa veste, et ses bottes. Elle courut vers la mer, et entra doucement quand même. L’eau était fraîche, mais supportable ce qui permettait à Anna de s’immerger complètement. La jeune femme nagea vers son chapeau, et l’attrapa au moment ou une vague la submergea complètement. Elle inspira un grand coup, et serra le poing pour ne pas perdre son tricorne… Cela aurait été trop bête de le perdre maintenant qu’elle était dans l’eau pour le retrouver ! Elle se laissa couler, puis, d’un battement de pied, remonta à la surface. Elle nagea lentement vers le rivage, et sortit de l’eau. Le vent la secoua violemment, et le capitaine frissonna.

Elle traîna les pied vers l’endroit où elle avait laissé sa veste et ses bottes, et s’asseya lourdement sur le sol. Elle frissonnait, avait froid, tout ça à cause de ce fichu chapeau ! Il était d’ailleurs complètement abîmé, le sel l’ayant attaqué rudement ! Anna soupira de nouveau : il était bon à jeter :

*Tout ça pour ça… J’aurais du le laisser partir*

Elle le fusilla du regard, conscience que cela ne servait à rien, puis se rhabilla rapidement. Son regard erra sur la falaise à proximité, à la recherche d’un endroit pour s’abriter. Elle avisa une formation rocheuse au loin, et dirigea ses pas vers cet endroit, pour attendre une accalmie afin de rejoindre son navire. Arrivée là- bas, elle constata que c’était déjà occupé. Tant pis, elle allait tenté de se montrer un minimum sociable pour une fois :

- Je peut m'asseoir ici?

Anna désigna un endroit plat dans le rocher, mais s'attendait à un refus. C'est vrai qu'elle ne devait pas se payer de mine, ainsi vêtue. Trempée jusqu'aux os, avec un chapeau abimé, une robe blanche sur de hautes bottes d'homme!

Isis regardait toujours l'océan, perdue dans ses pensées lorsqu'un chapeau volant entra dans son champ de vision. Intriguée elle le suivit des yeux, de toute façon elle n'avait rien d'autre à faire qu'a regarder le spectacle... C'est alors qu'une jeune femme arriva elle aussi dans sa ligne de mire, courant après le chapeau. Isis la regarda, déjà beaucoup plus intéressée par la suite des évènements que le voyage d'un chapeau solitaire. Elle était vraiment très amusée par le spectacle mais n'aurait pas bouger pas pour un sous. Aller l'aider ? Pour un malheureux chapeau fut-il un tricorne ? Qu'elle se débrouille !
C'est alors que le chapeau tomba dans l'eau.

°Pas de bol ma belle, tu viens de paumer ton couvre chef !°

Pensa t'elle en riant au comique de la situation.
La femme se déshabilla et Isis cessa de sourire et écarquilla les yeux.
Elle la vit ensuite sauter à l'eau alors que des rouleaux s'abattaient sur la plage.

La folle !!!!! Mais elle barge ??!!

S'exclama t'elle en se raidissant sur ses jambes. Elle se leva, prête à aller lui porter secours sans même s'en rendre compte mais la jeune femme refit surface.
Isis se rassit machinalement sans la quitter des yeux et reprit une expression stoïque, presque amusée de nouveau.

°Elle est sacrément douée, barge mais sacrément douée !°

La femme arriva vers elle, remontée apparemment par ce bain improvisée, dégoulinant de la tête aux pieds.
Elle lui demanda si elle pouvait s'asseoir et Isis décidant qu'elle l'avait bien mérité accepta d'un hochement de tête au lieu de l'envoyer bouler comme elle l'aurait fait en temps normal.

C'est un plongeon de compèt' que tu viens de faire là ! Chapeau l'artiste !

Dit-elle en riant à son propre jeu de mot malgré la mine qu'affichait sa voisine. Isis avait toujours eu tendance à avoir une trop grande gueule... et c'était rarement dans son intérêt.

Toujours dégoulinante d’eau, Anna s’asseya sur le rocher, le signe de tête de son occupante l’ayant encouragée dans cette voie. Anna, évidemment, n’affichait pas une mine réjouie. Même si les Caraïbes étaient une région chaude et ensoleillée, un bain pendant une tempête n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable. Anna retira alors son chapeau, qu’elle laissa tomber sur le sol avec une mine déconfite. Soyons réaliste, il était bon à mettre à la poubelle. Elle aurait bien du laisser l’océan l’emporter, au lieu de se jeter comme ça dans les vagues ! Elle avait vraiment du passer pour une suicidaire, mais bon, ce dont les gens pensait d’elle ne la préoccupait pas réellement, enfin pas depuis longtemps déjà ! Seul son navire et son équipage comptaient, et cela faisait déjà beaucoup à s’occuper !

Sa voisine lui fit alors une remarque sur son plongeon, avant de partir d’un rire à cause de son jeu de mots. Anna eu un léger sourire, ou plutôt l’ombre d’un sourire lui traversa le visage. Elle releva la tête, consciente qu’une petite conversation s’improvisait. Une lueur amusée dans le regard, elle répondit :

- Merci, mais j’aurais peut être du éviter ! Je suis dans un bel état maintenant !

Elle baissa les yeux, et constata les dégâts. Ses pieds tremblaient à l’intérieurs de ses bottes, sa robe trempée lui collait au corps en lui donnant des frissons de temps à autres, ses chevaux dégoulinants d’eau faisait de petites bouclettes indésirables, son visage était sûrement tout pâle et ses lèvres devenaient bleue. Cependant, elle n’était pas vraiment malheureuse, et ne regrettait quasiment pas ses actes. Elle savait qu’elle ne tomberait pas malade, puisqu’elle n’était jamais malade. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer en attendant que ses vêtements sèchent !

Anna soupira bruyamment, quand son regard fut attiré par une forme noire enveloppée dans un morceau de tissus, à côté de la jeune femme qui se tenait à côté d’elle. Anna plissa les sourcils, reconnaissant un oiseau. Sauf qu’elle n’aimait pas les oiseaux ! En fait, elle ne l’avouerait pas, mais elle en avait peur. C’était complètement irraisonné, une phobie inexpliquée. La jeune femme se raidit, et demanda avec un drôle d’air, puisqu’elle tentait de maîtriser sa voix et ses mains qui ne demandaient pas mieux que de trembler.

- Tu te balade tout le temps avec cet oiseau ?

Le tutoiement était venu tout seul, comme ça. Elle avait sensiblement le même âge, et se parler autrement aurait été vraiment bizarre. Et l’idée que quelqu’un ai pour animal de compagnie un oiseau lui était assez lointaine.

Isis rit encore à la remarque de la jeune femme mais cessa rapidement. Le fait de la voir tremblante n'avait rien de si comique au final...

Oui c'est vrai que là... mais de toute façon en restant dehors t'aurais aussi été trempée. Il pleut des cordes !
Moi j'ai pas pris de bain mais j'ai pris une bonne douche!

Dit-elle en tirant un peu sur son pentalon imbibé d'eau.
Isis eut une petite exclamation comme si elle avait subitement eu une idée et se mit à farfouiller dans le sac qui était accroché le long de sa jambe par des ceintures.
Elle en sortit son briquet à mèche d'amadou, regarda autour d'elle et avisa quelques branches de bois floté déjà sèches depuis longtemps. Ces machin là ça cramait bien et ça ferait très bien l'affaire.

Un p'tit feu s'impose ?!

Elle alluma la mèche avec un sourire satisfait.
C'est alors que la femme désigna l'oiseau et en parla. Isis lui jeta un coup d'oeil septique et souleva les épaules, retournant à sa tache.

Nan... cet saleté de piaf est un crétin ! Je l'ai trouvé tout à l'heure sur le chemin à moitié agonisant !J'ai d'ailleur bien faillit me tuer en l'évitant !
Tout ça pour ça... même pas sûr qu'il s'en sorte.

Le feu était allumé et commençait à craquer doucement. Elle l'avait fait assez près de l'entrée de leur abris pour qu'elles ne se retrouvent pas enfumée. Mais sa chaleur commençait déjà à emplir l'espace.
Elle se reposa à sa place et repoussa un peu le bout de tissus pour découvrir l'oiseau. Il croassa encore et elle fit une grimace en tirant la langue. Les corneilles n'étaient vraiment pas les plus mélodieuses des bestioles à plumes...
Le petit animal battit un peu des ailes pour se redresser et sautilla, se posant sur les genoux d'Isis avant d'y stationner. Il commença à se lisser les plumes avec son bec pour les nettoyer. Elle le regarda d'un air aterré.

Ben faut pas se gêner surtout !
Ben je crois qu'en fait ça va s'en sortir !

Elle repoussa l'oiseau de la main et il se déséquilibra d'une manière assez ridicule avant de sautiller un peu loin avec un nouveau son de protestation, mais resta là. Isis releva la tête vers la jeune femme et haussa des épaules.

Il est zinzin !!! L'a dû prendre un coup sur le caillou ! Fait pas gaffe à ce truc!
Au fait, vu qu'on partage le même abris autant faire les présentations !
Je m'apelle Isis mais on m'apelle la sauterelle !

Dit-elle avec un sourire juvénile.

Décidément, son interlocutrice aimait rire. C’était assez peu répandu, mais finalement, beaucoup plus agréable de parler avec quelqu’un de souriant. Par exemple, elle aurait très bien pu se retrouver en compagnie d’une personne fâchée et qui n’aurait pas pipée un seul mot, où alors des monosyllabe, pratique pour une conversation. Elle lui montra alors son pantalon gorgé d’eau, en lui disant qu’elle aussi était trempée ! Anna sourit :

- T’as raison… Autant se mouiller complètement dans ses cas là !

C’est vrai qu’au point où elle en était, un peu plus ou un peu moins d’eau ne changerait strictement rien, à part peu être le poids de ses vêtements, et encore… Sa veste était trempée par la pluie battante, sa robe trempée par sa « petite baignade ». C’est alors qu’elle vit la jeune femme sortir un petit briquet de son sac, et commença à rassembler du bois mort pour allumer un feu !

- Oui, c’est une très bonne idée !

Anna ne l’admettrait jamais, mais elle avait vraiment froid ! Trop fière, encore une fois ! Franchement, ce trait de caractère lui jouait des tours, c’était incroyable ! Jamais elle n’admettait souffrir, être triste ou heureuse… Son statut de capitaine lui intimait d’être forte, et elle devait s’y tenir d’autant plus qu’elle était une femme, jeune et séduisante pour ne rien raté !

Le feu se mit alors à craquer tranquillement, quand elle lui parla de cet oiseau qu’elle avait trouvé sur le chemin, agonisant. Anna sourit de nouveau :

- C’est la bonne action de la journée !

Le feu se mit alors à craquer plus bruyamment, et sa chaleur se fit rapidement sentir, agréable et réconfortante0. Anna approcha ses mains, dont le bout des doigts tremblait, devant les flammes. Elle était bien, mais sursauta un bon coup quand l’oiseau croassa… C’était physique, elle n’aimait pas les oiseaux. Et celui-ci, noir avec un cri désagréable, ne l’encourageait pas du tout à faire des efforts dans ce sens. Il se mit alors sur les genoux de la jeune femme, pour se sécher tranquillement sans ce soucier le moins du monde de la grimace qui lui était adressée.

Anna écarquilla les yeux, et demanda :

- Tu arrives à le laisser sur tes genoux ??

C’était plus qu’inimaginable pour elle, mais ne parla pas de cela… Elle paraîtrait un tantinet ridicule en affirmant avoir un peur bleue des oiseaux de tout genre. Elle éclata soudainement de rien en voyant ledit oiseau tomber sur le sol de façon ridicule, et s’en aller dans le fond de la cavité d’un air outré… Et toujours en couinant bruyamment…

- Il n’a pas vraiment apprécié !

C’est alors qu’Isis, puisqu’elle venait de se présenter, affirma que cet oiseau était zinzin, pour reprendre ces termes et décida de faire les présentation avec un grand sourire. Anna sourit à son tour, et répondit tranquillement :

- C’est un oiseau pour tout dire

C’était trop gros ? On voyait tant que ça qu’elle ne les aimait pas vraiment ? Tant pis, maintenant c’était fait ! Elle continua :

- Moi c’est Anna… Sans surnom je crois !

Elle ne savait pas si ses marins la surnommaient de façon particulière, mais si c’était le cas elle ne le savait pas. Elle hésita, puis décida de ne pas parler à Isis de son navire… Après tout, c’aurait fait vraiment prétentieux. Et si elle avait bien des défauts, elle n’était pas le moins du monde prétentieuse… Elle savait ce qu’elle voulait, c’est tout !

La jeune femme rapprochait ses mains du feu pour se réchauffer davantage et Isis vit ses mains trembler imperceptiblement mais ne fit aucun commentaire... ça n'avait aucun interêt.
Ca aurait été un de ses compagnons de beuverie et d'inforturne, un de ces rustre avec lesquels il lui arrivait de traîner, elle ne se serait pas génée pour le traiter de lopette en lui riant au nez mais là... non.
Elle appréciait la jeune femme quelque part. Non qu'elle n'appréciait pas vraiment les énergumènes qui partageaient souvent son quotidien mais... en fait si c'était ça. Elle ne les appréciait pas, elle les supportait seulement.
La jeune femme lui dit que sauver ce sale piaf devait avoir été sa B.A. de la journée et Isis se gratta la tête en riant avec une attitude qui ne colait pas du tout avec la correction que devaient normalement avoir une femme.

Ouaip', enfin je dirais plutôt la B.A de l'année. Ou la connerie du jour !!

Et elle repartit dans un éclat de rire sincèrement bryuant.
La jeune femme lui demanda ensuite si ça ne la dérangeait pas d'avoir cet oiseau sur les genoux et Isis haussa encore des épaules dans une attitude totalement janfoutiste...

Non... rien à battre, c'est qu'un piaf et je sais que s'il décide de me faire chier je le dégome en moins de deux !

Elle releva ses deux jambes sur le rocher sur lequel elle était assise, après avoir envoyé bouler l'oiseau, en mettant ses jambes des deux côté d'elle, appuyant ses bras croisés sur ses genoux et le menton par dessus le tout dans une posture qui faisait vraiment ressortir son côté juvénile.
Décidément elle manquait carrément de classe mais au moins elle se sentait bien dans ses... pieds nus.
La jeune femme fit la réflexion que l'oiseau ne devait pas avoir apprécié, vu le ralement qu'il avait exprimé c'était assez clair.
Isis eclata de nouveau de son rire clair.

Bahh !!! Il s'en remettra !

La femme se présenta et Isis hocha de la tête avec un sourire pour lui dire qu'elle avait compris. Elle n'oublierais pas.
Elle regarda ensuite Anna en fronçant un peu des sourcils, se mordant la lèvre comme inquisitrice et resta comme ça quelques secondes, comme si elle avait envie de parler mais hésitait à le faire. Puis elle se décida à dire ce qu'elle avait sur le coeur avec toujours la même expression(le contraire aurait été étonant).

T'as un problème avec les piafs ??
Moi je les trouve juste sans interêt... et celui là particulièrement crétin mais en général... ça me dérange pas. Tant qu'ils me fouttent la paix!

Elle sourit pour montrer qu'il n'y avait dans ses propos aucune moquerie, simplement de la curiosité.
Elle jeta ensuite un coup d'oeil dehors et crut voir flotter quelques masses sombres entre les vagues... possiblement des morceaux de bois appartenants probablement à un ex-bateau d'un possiblement ex-marin d'eau douce...
Peut être était-ce son jour de chance ?

Anna ne put retenir un sourire quand elle vit Isis se gratter la tête, rire bruyamment, bref, se lâcher. Elle était naturelle en fait, et cela plaisait beaucoup à Anna… La plupart des gens qu’elle avait l’occasion de côtoyer, que se soit ses marins, d’autres négociants ou même de simples habitants, tous semblaient vivre au ralenti, à moitié. Et contrairement à tous ces gens, Isis, cela sautait aux yeux dès le premier regard, vivait à 100 à l’heure, et avait vraiment l’air de s’amusait beaucoup, malgré la tempête qui faisait rage en dehors de la cavité, malgré leur apparence : elles étaient toutes deux trempées bien comme il faut ! Enfin bref, tout ça pour dire qu’Anna commençait à apprécier Isis, qui, bien que plus bavarde et franche qu’elle, semblait aussi décidée et têtue que la jeune capitaine. Peut être aussi folle par moment finalement (xD).

- Je dirais connerie du jour … Surtout quand on voit son allure

Anna avait dit ça sans réfléchir, et eu une mine déconfite peu de temps après, conclut par un sourire éclatant… Décidément, elle allait devoir faire attention à ce qu’elle dit, sinon elle passerait encore pour une folle… Pas de sa faute si elle n’aimait pas ces fichus oiseaux !

Elle vit alors Isis se rassoire après avoir éjecté le piaf au fond de la pseudo grotte, et remarqua qu’elle ne portait pas de chaussures. Etrange, mais surtout la jeune fille devait avoir froids, surtout quand on voyait les trombes d’eau qui s’abattaient sur la plage en ce moment. Anna baissa une secondes les yeux, pour voir ses lourdes bottes de cuir sombre à haut talons.
Plutôt fort le contraste !
Elle voulut lui demander la raison de cette absence de chaussures, quand elle vit qu’Isis avait une mine contrariée, comme si elle voulait parler mais qu’elle hésitait. Anna attendit, pour entendre Isis lui demander ce qu’elle avait contre les oiseaux ! Décidément, elle n’était pas bien discrète :

-Ca se voit tant que ça ? ?

Un rire clair finit cette exclamation, sortit toute seule, sans qu’Anna ne réfléchisse une seconde

- Je… Heu… En fait, c’est que..

Et voilà, maintenant qu’elle en parlait, elle se sentit soudain assez idiote. Elle, capitaine de navire, effrayé par de simples volatiles particulièrement stupide et bruyant. C’était vraiment bizarre, maintenant qu’on y pensait ! Anna compta jusqu'à trois, pour arrêter de penser à voix haute, et expliqua :

- Je n’aime pas les oiseaux, en général. Je sais même pas pourquoi d'ailleurs!

Et maintenant, le gag, même si ce n’était pas drôle du tout pour Anna :

- J’en ai même peur… Mais il ne faut pas le répéter !

Evidemment, car si tout Port Royal était au courant qu’Anna Carter, jeune capitaine du Royal Majestic, avait une peur bleue des volatiles en tout genre, ce réduirait sacrément sa crédibilité, non ? Enfin, maintenant, Isis était au courant, et Anna s’attendait quand même à la voir rire… Avoir peur des oiseaux, ce n’était pas très courant, et surtout marrant ! Elle vit alors la jeune femme se pencher vers l’extérieur de la cavité. Il faisait toujours aussi mauvais, aussi Anna l’imitait, et, voyant des morceaux de bois flotter sur la mer, demanda :

- Tu attends quelque chose ?

Anna lui demanda si sa plus ou moins phobie des oiseaux se voyait tant que ça et Isis sourit gentiment en réponse au rire qui acheva la phrase de son interlocutrice avant de hausser des épaules.

Ben... j'en sais trop rien. Pas spécialement mais t'as juste pas l'air de les apprécier particulièrement...

Dit-elle sur un ton détaché comme quoi elle n'y portait vraiment aucune importance.
La jeune femme continua. Elle semblait tenter de trouver une raison valable mais au final c'était comme ça et puis c'était tout. Pourquoi toujours vouloir trouver des raisons à tout ?

Anna : - J’en ai même peur… Mais il ne faut pas le répéter !

Isis se mit à rire franchement comme la jeune femme l'avait deviné mais ce n'était pas du tout de la moquerie. Isis riait à d'autres propos contenus dans cette simple phrase... "répéter".
Mais à qui donc Isis pourrait ou voudrait-elle répéter quoi que ce soit surtout d'aussi insignifiant pour elle ? Elle n'avait pas vraiment la réputation d'être un être particulièrement sociable et même s'il lui arrivait de traîner plus ou moins avec quelques raclures de trottoirs comme elle, jamais au grand jamais elle ne les aurait considérés suffisamment comme des proches pour leur confier les "aventures trépidantes" de ses journées de vagabondes même si celles-ci s'étaient résumées à avoir marcher dans de la merde de chien...
Non... c'était vraiment risible.
Isis cessa de rire, se disant qu'Anna devait certainement prendre ça pour elle, réaction tout à fait logique. Elle la regarda dans les yeux de son regard profond en souriant gentiment avant de lever les mains en signe de bonne fois, comme une enfant.

Je t'assure que de ce côté tu ne crains rien du tout. Croix de bois...

Acheva t'elle, rendant sa pose encore plus criarde d'enfantéisme.
Anna lui demanda alors ce qu'elle attendait lorsqu'elle la vit regarder au dehors.
Elle déplia ses longues jambes et se leva ensuite en se dirigeant vers l'entrée de la caverne.
Elle resta là, regardant l'horizon, une main posée sur la paroi rocheuse en ne s'appuyant que sur une jambe, laissant l'autre traîner, courbant ainsi sa taille en un déhanché qui faisait apparaître ses formes généreuses malgré sa minceur et sa petite taille.
Cette pose presque lascive contrastait de façon aberrante avec son apparente jeunesse.
Elle retourna son visage vers Anna et sourit avec malice.

Ben... j'attends les fruits de la pèche d'aujourd'hui !

Elle rit un peu et oscilla de la tête en faisant la moue, levant les yeux au ciel.

Bon ok, c'est peu être pas très très moral mais je suis pas non plus un naufrageur. Je profite juste du tempérament de la nature...

Elle désigna les vagues en tendant le bras. La mer ramenait des morceaux de bois par dizaine en direction de la plage.

Le vent souffle du bon côté et les flots assassins sont parfois généreux avec les pauvres bougres un peu dégénérés dans mon genre...
Faut bien vivre de quelque chose. Pis c'est comme une chasse au trésor!

A ces mots son visage s'illumina d'un sourire et ses yeux pétillèrent.
Oh oui, comme elle aurait aimé cette vie de bohème que vivaient ces pirates, toujours en quêtes des miles trésors qu'enfermait l'océan dans ses flots.
Mais c'était pas le genre de truc à crier si on voulait garder sa tête vissée sur ses épaules et les pieds qui touchent par terre...
Sans compter qu'elle pensait que le monde des pirates était exclusivement masculin et qu'elle détestait cordialement les hommes... enfin si, les seuls qu'elle pouvait saquer étaient les eunuques. Et probablement les types honnêtes mais ça elle n'en avait jamais vraiment rencontré.
Elle se dirigea vers la plage et les assauts du vent reprirent sur ses cheveux et ses vêtements qui commencèrent à tourbillonner pour les uns et claquer contre sa peau pour les autres.
Elle souriait comme une enfant et leva une main au-dessus de ses yeux pour mieux voir au loin.
La corneille croassa une nouvelle fois et se dégagea du fond de la cavité, sautillant sur le rocher sur lequel Isis s'était assise.
Elle regarda au dehors en penchant la tête, comme inquisitrice mais ne bougea pas davantage.
Les premiers débris commencèrent à envahir le sable blanc et fin.

La capitaine du Royal, à savoir Anna Carter, eu un léger sourire en voyant Isis se mettre à rire. Elle avait vu juste, et finalement, se rendit compte que cette phobie était tout à fait ridicule. Sauf qu’elle n’y pouvait rien, strictement rien, et devait juste faire avec en essayant de rester le plus loin possible de ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un volatile, une bête à plume ou tout ce qui avait des ailes lui permettant de voler.
Elle soutint le regard d’Isis tendit que le jeune fille tandis qu’elle tendait les mains en avant, comme une enfant.
Anna eu un sourire en se rappelant ce geste qu’elle avait si souvent exécuté tandis qu’elle vagabondait dans les rues de Port Royal. Elle continua donc sa phrase, et déjà sa voix ne tremblait quasiment plus :

- Croix de fer, si je mens, je vais en enfer

Ce n’était qu’une maxime enfantine, mais c’était assez amusant de la voir récitée par une jeune fille marchant pieds nus en compagnie d’un oiseau détraqué ! Tandis que le regard d’Anna s’échappait vers l’extérieur de la grotte, Isis lui expliqua alors qu’elle attendait les résultats de la pêche d’aujourd’hui. La jeune femme eu une mimique étonnée, mais n’eu pas le temps de poser de question : Isis avait déjà continué à parler, et Anna conclue qu’elle ramassait les débris des naufrages, ou tout ce qui pouvait tomber à la mer.

- J’ai pas à te juger, d’ailleurs je suis en quelque sorte… pirate!

D’accord, ce n’était peu être pas franchement une bonne idée de raconter cela au premier venu, mais bon. Isis lui inspirait confiance, allez savoir pourquoi, et elle, n’avait juste dit qu’elle était pirate. Et pas qu’elle était le capitaine d’un navire qui attaquait pour subsister à ses besoins… Sur qu’étant moitié pirate, elle n’allait tout de même pas critiquer ceux qui récupéraient ce que la mer avait emportée, ce qui était presque une activité parfaitement honnête à côté de ce qu’elle faisait ; elle !

La jeune fille sortit alors de la grotte pour aller scruter la mer, et Anna regarde faire un instant. Le ciel s’était dégagé, la pluie avait cessé mais le vent était toujours là, bien présent. La jeune capitaine attrapa son tricorne, et le posa solidement sur sa tête, de manière à l’empêcher de tomber et qu’il retienne également ses cheveux, puis sortit à son tour, même si elle était encore bien trempée.

Les planches de bois commençaient à s’échouer sur le rivage, signe d’un récent naufrage. Anna eu une pensée pour les pauvres bougres qui devaient se trouver sur le bâtiments, mais n’avait pas le temps ni l’énergie de plaindre tous ceux que la mer avait emportée. Elle s’avança également, jusqu'à ce que la pointe de ses bottes soit à quelques centimètres de l’écume des vagues, et respira de nouveau l’air de la mer. Elle plongea ses mains dans l’eau fraîche, sans même savoir pourquoi, et sentit quelque chose de dur sous ses doigts.

Elle l’agrippa, et le sortit de l’eau. Après avoir écarter le sable qui enveloppait l’objet, et resta bouche bée : C’était un médaillon, apparemment en or vu la couleur. Elle le fit rouler un instant entre ses mains, puis cria à Isis qui était un peu plus loin :

- Viens voir ! ! ! !

Il valait certainement une fortune, et Anna n’en avait pas besoin. Tout ce qu’elle voulait, c’était sa liberté, mais peut être qu’Isis en trouverait une utilité, le vendre ou n’importe quoi d’autre…

- J’ai pas à te juger, d’ailleurs je suis en quelque sorte… pirate!

Isis avait eu le temps d'entendre les mots d'Anna alors qu'elle sortait et elle se retourna vers elle, légèrement abasourdie. Elle était à la fois totalement déconcertée, une femme pirate?? et très envieuse aussi... une femme pirate!!
Elle la suivit des yeux lorsque celle-ci s'approchait du rivage mais surveillait l'arrivée d'un objet qui faisait surface entre les vagues de temps en temps et ne la rejoint donc pas d'emblée. C'était une caisse semblait-il...

"En quelque sorte" pirate ? Comment ça ?
Je ne pensais pas qu'une femme pouvait vraiment être pirate...
T'inquiète tu peux avoir confiance en moi, je vais pas ébruiter ! C'est pas une annonce à faire à la légère et d'ailleurs pour te prouver ma bonne fois je t'avouerais moi même que je t'envie carrément!
Mais ce milieu est bien trop masculin pour moi! Je déteste ces énergumènes...

Dit-elle avec une petite grimace presque amusante mais les yeux trop sérieux pour que ce soit vraiment drôle.
La caisse commença à arriver plus près et Isis s'avança dans l'eau, mouillant cette fois-ci carrément le bas de son pantalon sans que ça ne semble la préoccuper pourtant, afin d'accueillir sa trouvaille.
C'est alors qu'Anna la héla. Visiblement elle avait aussi trouvé quelque chose qui semblait être digne d'intérêt.
Isis ramena la caisse. C'était étrange qu'elle flotte de la sorte, juste à moitié, mais elle comprit lorsqu'elle la ramena vers elle au prix d'un effort certain.
La caisse était cassé sur un côté et découvrait légèrement son contenu mais le simple bruit de l'entrechoquement de verre aurait suffit à l'identifier sans erreur.
Le visage d'Isis s'éclaira d'un grand sourire amusé et malicieux.

Ouai ouai j'arrive !!!
Regarde ce que moi j'ai trouvé !!
Une caisse remplie de bouteilles de vin !!! Ce devait être un galion Français! Pauvres Français, paix à leurs âmes!

Elle ramena la caisse en la traînant sur le sable et se redressa face à la mer, posa une main sur son coeur et une autre derrière son dos avant de s'incliner bien bas devant la mer, comme si elle s'adressait effectivement aux malchanceux marins.

Sauterelle vous remercie!!

Elle sautilla ensuite vers Anna avec un grand sourire, sans avoir oublié de piocher une bouteille dans la caisse.
Elle retira le bouchon de liège, porta le goulot à ses lèvres pour en avaler une longue gorgée et s'essyua la bouche du revers de la main avant de se planter devant Anna.

Alors ? Qu'est-ce que c'est ? Ca peut pas être plus intéressant que ma propre trouvaille!
Bordel en plus c'est que c'est pas d'la piquette!!! Il est pas dégeu ce petit jus de raisin!
Tu veux y goûter ?

Demanda t'elle en tendant généreusement la bouteille à Anna avec un geste comme à son habitude si brusque que quelques gouttes pourpres partirent s'écraser sur le sable avant qu'une vague ne les efface.

Anna manqua d’éclater de rire en voyant l’air complètement abasourdi d’Isis. C’est vrai qu’au premier abord, on avait du mal à imaginer une femme, pirate. Et en plus, étant fine, avec de longs cheveux blonds et un visage attrayant, séduisant même, elle paraissait aux antipodes d’une femme pirates. Pourtant, c’est ce qu’elle était bien, et capitaine par-dessus le marché.
Mais elle devait faire face au machisme lourd des hommes, sans exception… C’est durant ces moments qu’on voyait bien qu’elle méritait sa place : capable de coller une torgnole à une homme plus grand et surtout plus haut qu’elle, et était également assez adroite avec son sabre et son autorité était rarement contesté par ses matelots.

Elle était en train de ses diriger vers la plage, où une caisse venait de s’échouer, quand Isis prit la parole, commentant ce qu’elle venait de dire. Anna eue un léger soupir de soulagement en l’entendant dire qu’elle n’ébruiterait rien, puis pris à son tour la parole :

- Merci. En fait, je suis capitaine d’un navire. Je l’ai, disons, réquisitionné (Jack ^^) il y a deux ans de cela, et je ne suis sous les ordres de personne… Alors tant pis pour ceux qui ne sont pas d’accord avec moi !

Elle regarda la jeune fille faire une grimace, mais semblait sérieuse. Cette lueur dans les yeux montrait bien que cette grimace n’était qu’une façade. Anna hausse les épaules :

- Sur qu’ils ne sont pas des lumières, mais si tu gagnes leur respect, ils bossent bien et te fichent la paix

N’y voyez aucune trace de machisme au féminin, ce n’état que la triste vérité. Les matelots étaient là pour l’appât du gain, presque à tout les coup. Et être sous le commandement d’une femme n’était pas très glorieux pour eux, aussi elle devait se montrer dure pour que ça passe !

Alors qu’elle appelait Isis, le médaillon dans le main, elle la vit arriver avec une grosse caisse, en hurlant que c’était du vin, et français si on en croyait la jeune vagabonde. Anna eu un sourire : pas qu’elle aimait boire, mais une gorgée de temps en temps n’était pas de refus. Elle resta silencieuse lors du remerciement aux pauvres marins français, puis saisit la bouteille qu’elle lui tendant, regardant machinalement les gouttes couleur sang qui venaient s’écraser sur le sable.
- D’accord, voyons voir s’il est si bon que tu le dis.

Elle porta alors la bouteille à ses lèvres, et but à son tour une petite rasade de vin. Son visage prit une expression presque admirative : c’est vrai que ce vin était bon, pas comme le rhum coupé à on ne sait dans certaines tavernes ! Anne redonna la bouteille à Isis, en souriant :

- C’est vrai, il est bon… Sûrement puisqu’il est français (^^)

Elle se souvint alors du médaillon qu’elle avait encore de la main gauche, et tendit la main pour le montrer à la jeune fille. En ouvrant les doigts, elle vit qu’il était, sans aucun doute, en Or. La chaîne était faire de maille de taille moyenne, et des symboles étranges étaient gravés sur le cercle central.

- J’ai trouvé ça, c’est de l’or apparemment… Tu le veux ?

Elle n’en avait vraiment pas l’utilité, ce n’était pas les objets de valeur qui manquaient dans les caisses du Royal. Pas que le navire soit plein aux as, mais elle avait de quoi vivre tranquillement un bon moment, la part des marins en moins !

Capitaine?! Isis deveint carrément admirative envers Anna. Oh moins cette nana avait du cran!

Anna: - Sur qu’ils ne sont pas des lumières, mais si tu gagnes leur respect, ils bossent bien et te fichent la paix

Sur que niveau lumière y'a que l'argent qu'il peuvent te faire miroiter qui brille!!

Isis repensa pourtant à un homme en particulier.

*Il m'avait promis de me sortir de là avant que je ne trouve la solution "mariage" avec ce porc qui m'a marqué comme une tête de bétail.
C'est d'ailleurs de lui que viens mon surnom de "sauterelle"... mais il s'est barré tout seul...
Si je le recroise un jour il aura le droit d'en reçevoir une bien sentie!*

Mouai... enfin, je ne vais pas te raconter mes déboires avec la gente masculine on risquerait de partir dans le pathétique et j'ai pas envie que tu t'appitoie sur mon sort!

Il était vrai que malgré son jeune âge, son expérience en tant que prostituée faisait qu'elle pesait ses mots...
Elle regarda la jeune femme puis ajouta après un temps, comme si ça lui coûtait de sortir ces mots.

Je crois que c'est pasque je t'apprécie trop pour ça!

Anna goûta du vin qu'Isis lui tendait et le trouva à son goût.

Anna :- C’est vrai, il est bon… Sûrement puisqu’il est français

Oui! C'est vrai que ça on peut leur reconnaître! Faut bien qu'ils aient quelque chose pour eux !

[HJ- Joke! Mr Green

]

Elle lui tendit ensuite un médaillon en or et Isis ouvrit de grand yeux.

Ouha !!! Grande classe !! J'ai jamais eu autant de chance que toi ça je peux te le dire !!

C'est alors que la jeune Capitaine proposa à Isis de le garder. Isis la regarda abasourdie une nouvelle fois et dénéga de la tête.

Non non! C'est ta trouvaille !! Moi j'ai du vin, c'est déjà pas mal !! Pis plus facile à revendre. Il est très joli mais... je peux pas accepter! Garde le!

Niveau lumière, sûr que la seule utilité des matelots se faisait voir durant les abordages ordonné par leur capitaine, sinon ce n’était que des marins comme les autres, plus portés sur la boisson que sur le travail en général… Suffisait de jeter un coup d’œil sur leur apparence générale : négligée, sale, le nez rouge en raison de l’alcool ingurgité, le regard vitreux, ce qui ne donnait pas franchement envie de les côtoyer plus que nécessaire ! Heureusement, elle avait une cabine privée, et ne se mélangeait jamais à eux, heureusement pour elle !

Isis continua en parlant de ses déboire avec les hommes, enfin plutôt en les taisant, et Anna eu l’impression qu’elle avait vécu beaucoup de choses, ce qui contrastait avec son apparence juvénile. Le regard d’Anna se fit un peu plus grave, le ton de sa voix moins léger quand elle se décida à répondre. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais le regard de la jeune fille la fit taire _ce qui est, il faut l’avouer, un exploit_ , et elle reste muette, attendant la suite. Elle écouta la jeune vagabonde, et cette fois fit un effort pour ne pas finir bouche bée. Anna devinait que ces mots avaient été durs à prononcer, mais malgré cela elle en fut reconnaissante à Isis :

- Je … Merci, mais c’est réciproque tu sais !

Elle eu un léger sourire, vraiment sincère, que très peu de gens pouvaient se vanter d’avoir déjà vu… Mais elle avait immédiatement sympathisé Isis, sans raison apparente. Peut être parce qu’elles se ressemblaient, n’ayant pas eu une vie facile, enfin c’est ce qu’Anna avait supposé… Elle avait été livrée à elle même très jeune, et avait vite appris à se débrouiller, sans jamais sympathiser avec personne, jamais.
Mais là, elle était heureuse de s’être fait une nouvelle amie !

Maintenant devant la mer presque en furie, Anna venait de boire un peu de vin, et éclata presque de rire à la remarque d’Isis sur les Français :

- C’est vrai que leurs qualités ne se bousculent pas au portillon !

Quant à sa proposition sur le médaillon, la jeune fille la refusa tout net, en secouant le tête. Anna eu une sorte de regard intrigué, mais n’insista pas : ça avait vraiment l’air perdu d’avance. Elle referma donc la main, et rangea le médaillon dans sa poche, bien que sachant pertinemment qu’il ne lui servirait à rien. Elle sentit la poids de l'or s'enfonça doucement sur le tissus de sa poche, mais savoit que cela le gênerait plus qu'autre chose... Enfin, il y a pire que de trouver de l'or non? ^^

- J’en ai pas du tout l’utilité, mais c’est comme tu veux !

Son attention fut alors accaparée par une forme un peu plus claire, dans les vagues. C’était au large, assez loin, mais on voyait bien que ça bougeait, tentant de rejoindre le rivage, à première vue. Anna plissa un peu les yeux, et murmura comme pour elle-même : * c’est quoi ça ? * Un chien, un homme, comment savoir !

Les paroles de la jeune Capitaine touchèrent la petite vagabonde mais elle n'était pas du genre à se laisser appesantir sous le sentimentalisme.

Ok va peut être falloir songer à arrêter là la séquence émotion sinon on va se retrouver entrain de chialer toutes les deux comme de vraies gonzesses!

Lui dit-elle avec un sourire amusé et reflétant une certaine émotion qu'elle cachait pourtant très bien. Elle fit un clin d'oeil à Anna et elles changèrent de sujet, passant au sujet plus léger qu'était celui des français puis l'histoire du médaillon qu'Anna semblais vraiment vouloir donner à Isis mais Isis n'était pas du genre à accepter.

Non non ce serait un cadeau empoisonné, c'est très dur à refourguer pour une personne qui n'inspire pas spécialement la confiance... sans compter que dans mon milieu de vie... avec un truc comme ça... je f'rais pas deux pas sans être agressé!! Et les morts ça fait quand même désordre... surtout pour un bout de métal.

Elle lui fit un nouveau clin d'oeil en souriant, hochant de la tête pour l'encourager à le garder.

Bon... c'est pas le tout mais la flotte est en train de cesser de tomber...

Dit-elle en levant les yeux vers le ciel.
Les nuages sombres commençaient en effet à s'éloigner et la pluie s'était faite plus fine mais tombait toujours assez abondamment.
Quelqu'un s'y connaissant un minimum en météorologie aurait probablement parié sur le fait que l'orage cesserait dans à peu près une bonne heure.

Et j'ai pas envie de me faire pincer par ces pains de sucre que sont les douaniers... surtout si je veux ramener mon pactole de la journée.
Alors je te dis à une prochaine, quand nos chemins se recroiseront!
Tiens, je te la laisse!

Elle lui tendis la bouteille entamée et se dirigea vers les caisses. Elle en empila trois et les souleva avec une grimace d'effort. Elle réussit cependant et se retrouva avec une pile de caisse instable montant un peu plus haut que sa tête entre les mains.
Au même instant un croassement se fit entendre et la corneille sortit de l'abri rocheux pour se poser en haut des caisses d'Isis.

Ah non barre-toi de là sombre crétin de piaf!!

Elle secoua un peu les caisses qui tanguèrent d'avantage mais ne tombèrent pas.
L'oiseau émit un autre cri désagréable et voleta derrière elle, la suivant en sautillant.

C'est pas vrai, mais tu vas me lâcher ? Rhââââ j'aurais mieux fait de te laisser crever tiens!!

Elle partit donc en maugréant des insultes et des reproches envers l'oiseau qui restait sur ses talons.

[HJ-Je suis vraiment désolée pour le retard !!! J'avais posté un message mais j'avais mis trop de temps à l'écrire et je m'étais déconectée sans le savoir ce qui fait qu'il avait été éffacé et j'ai pas eu le courage de le réécrire... mais bon! Voilà, c'est enfin posté! Désolée encore miss!! -HJ]